18 février 1992- 18 février 2021, voilà 20 ans qu’une marche de l’opposition politique notamment le Front populaire ivoirien (FPI), était réprimée. Témoin de cette manifestation, l’ancienne ministre de la communication et aujourd’hui présidente de l’URD, raconte.
Il y a des commémorations que l’on aimerait oublier car les évènements qu’elles font ressurgir à notre mémoire ne sont ni honorables ni glorieux.
La marche du 18 février 1992 en fait partie. Une marche de protestation du Fpi autorisée par le pouvoir d’alors qui se termine en chasse à l’homme, « l’homme » étant Laurent Gbagbo et son épouse Simone.
La rumeur persistante annonçait qu’un plan d’assassinat avait été concocté contre la personne de Laurent Gbagbo d’où l’émoi général. Cette rumeur, il faut bien le dire, avait galvanisé les militants et les sympathisants du Fpi qui étaient sortis en masse.
Les protagonistes d’alors étaient le Premier Ministre, Monsieur Alassane Ouattara – le Président Houphouët-Boigny étant à l’étranger et malade – Laurent Gbagbo et Simone Gbagbo, battue férocement par les policiers.
20 ans après, on retrouve les mêmes protagonistes, Alassane Ouattara aux manettes, Laurent Gbagbo à la Haye et Simone en prison.
Au-delà des souffrances des uns et des autres, c’est la démocratie qui est mise en berne et je fais partie de ceux qui croient que malgré tout, l’Afrique est apte à faire sienne les valeurs démocratiques même si nos dirigeants s’y prennent mal. Nous avons entamé une longue marche, emprunté un chemin tortueux, douloureux qui nous oblige, je l’espère, à réinventer notre démocratie en allant dans le sens de sa consolidation, de l’assainissement de la vie politique, de l’indépendance des Institutions et de l’organisation d’élections crédibles et transparentes sans oublier la nécessité d’inculquer aux citoyens des valeurs républicaines souvent ignorées.
Nous avons su inventer les conférences nationales mais l’apprentissage de la démocratie n’est pas un long fleuve tranquille. C’est un combat et un état d’esprit, fait de scrupules, de sens civique, de respect de l’adversaire. C’est un code moral disait Pierre Mendes-France.
Danièle Boni-Claverie
Présidente de l’Urd
C9info.com-2021
NB: le titre et le chapeau sont de la rédaction